Rêverie

Rêverie
Rêverie
Le 16/06/2010

Je ne suis pas très “coloriste” dans mon œuvre sculpturale : j’ai tendance à concentrer mon attention sur la forme et la texture et je suis attirée par les mélanges des couleurs terre. Je suis surtout intéressée par la façon dont deux matériaux (ou plus), très différents, peuvent être employés pour se compléter et, ensemble, œuvrer parfaitement à la création d’un tout exceptionnel. Le thème des Verriales de cette année m’a donc poussée à prendre en compte un élément – habituellement quelque peu secondaire pour moi – et me demander ce que la couleur, en elle-même, apporte à une œuvre sculpturale.J’ai vu de nombreuses œuvres où la couleur était employée maladroitement, désastreusement même. Au fil des ans, j’ai également vu quantité d’œuvres où les couleurs étaient inappropriées ou déplacées, souvent même inutiles. Mais j’ai aussi vu bon nombre d’œuvres en deux ou trois dimensions, où la couleur faisait littéralement parler la pièce et où le choix des couleurs aidait aussi à définir les qui, quoi, quand, où et pourquoi de la pièce. Il y aurait tant à dire sur l’emploi de la couleur qu’essayer de le faire sur une seule page est tout simplement impossible. Disons juste que la couleur, utilisée à bon escient, peut être l’aspect de l’œuvre le plus descriptif. J’ai employé la notion de « couleur en tant que critère de description » dans mon approche pour l’exposition Polychrome de cette année.L’an dernier, j’ai modelé le visage d’une femme en argile et j’ai fait plusieurs moulages de ce visage en verre blanc, noir et transparent. J’étais constamment attirée par les plus sombres et j’ai fini par aboutir à deux moulages de «corps», plus grands, suggérant par leurs formes une femme drapée d’un long vêtement et d’une capuche la protégeant du vent ; l’une de ces sculptures fut présentée aux Verriales 2009. Ces personnages n’ont aucune ethnicité clairement définie, bien qu’ils en suggèrent plusieurs : inuit, africaine, mexicaine, tibétaine et d’Amérique centrale.Cette année, j’ai réalisé une composition avec l’une des plus grandes pièces, en y introduisant la couleur en tant qu’élément d’identification des origines géographiques de cette femme. Puisant mon inspiration dans les couleurs et les motifs éclatants des tenues traditionnelles féminines des régions subsahariennes, je pense que cette sculpture représente, de toute évidence, une femme en tenue africaine. Je suis véritablement en admiration devant les talents artistiques exprimés dans les tissus et les vêtements des vraies Africaines ; cette sculpture est donc ma modeste façon de rendre hommage à ces peuples qui utilisent la couleur avec autant d’exubérance que de maîtrise. Pour eux, la couleur est totalement intégrée et essentielle à la vie quotidienne. Cela m’a vraiment donné matière à réflexion pour mes futures œuvres.