Verriales 2011

MONOCHROMIES


N’hésitant pas à relever tous les défis, même les plus difficiles,
Les Verriales 2011 ont élu la monochromie pour thème artistique de l’exposition.
Créer une œuvre d’art, fut-elle essentiellement à base de verre,
en n’utilisant qu’une seule couleur, c’est le challenge qu’ont accepté de réaliser tous les artistes qui exposent annuellement leurs créations aux Verriales.

La monochromie est un procédé artistique très ancien qui s’appliquait déjà aux sculptures de l’Antiquité, par opposition aux sculptures polychromes.
Au fil des siècles, de nombreux peintres se sont essayés à cette technique exigeante au travers des camaïeux, des grisailles ou des sanguines qui ne donnent à voir que des variétés de tons et de luminances dans la même couleur, sans jamais avoir de différence  chromatique comme cela est visible avec le blanc et le noir.
La peinture en camaïeux a souvent permis d’imiter les bas-reliefs en reproduisant le rendu de la pierre ou du marbre, à l’aide d’une seule couleur et de la variété de ses nuances.
L’esprit humain est si extraordinaire qu’il peut composer, avec une seule couleur, une œuvre avec une suite infinie de tons, de dégradés, de luminosités. Cette technique a souvent été utilisée à l’époque de la renaissance et par les maîtres hollandais.
De nombreux peintres s’y sont adonnés à l’époque contemporaine et parmi les impressionnistes, Claude Monet.
Cette forme d’expression artistique fut poussée à son paroxysme ce qui provoqua, dès la fin du XIXe quelques ironies facétieuses comme celles d’Alphonse Allais qui la parodia dans quelques tableaux aux noms évocateurs : « Récolte de la tomate par des cardinaux apoplectiques au bord de la mer Rouge » ou « combat de noirs dans un tunnel, la nuit ». Ce clin d’œil dérisoire fait à l’art monochromatique n’empêcha pas de nouveaux grands créateurs du XXe siècle de pousser leur quête jusqu’à l’imprévisible comme le fameux « Carré blanc sur fond blanc » de Malevitch ou les oeuvres monochromes de son compatriote Rodtchenko. Même Soulage a construit sa renommée dans ce style pictural avec ses noirs en coulées de peinture. Mais l’un des plus reconnus dans cette performance artistique reste encore le fameux Yves Klein qui inventa dans les années 50 un pigment bleu combiné à une pâte fluide qui conservait à ses tableaux monochromes une extraordinaire luminance. Il déposera même ce bleu sous le nom        
d’ « International Klein Blue ».
Ces œuvres monochromes sont bien l’expression artistique d’une sensibilité exacerbée qui force le spectateur à en déceler le sens et la signification profonde.
Dans les Verriales 2011, c’est cette sensibilité qui vous frappe dès le premier regard. La couleur des œuvres de verre vous emporte dans votre propre imaginaire et vous ouvre l’univers des rêves. Chaque artiste a choisi sa couleur de prédilection qu’il transcende dans la transparence unique et la luminosité éclatante du verre.
Et comme à leur habitude, emportés par leur libre inspiration, certains artistes ont abordé la thématique de la monochromie de manière plus philosophique, sensorielle ou musicale… dans un concert silencieux où chaque couleur joue sa partition avec la  lumière.
Ce défi artistique rare, ces moments de contemplation uniques, nous les partageons passionnément chaque année avec vous.

Serge Lechaczynski et Jean Eskénazi

Les oeuvres de l'exposition